paroles

à distance égale

2018

Y’en a qui pleurent, y’en a qui rient
D’autres qui s’effleurent, qui sont polis
Qui bougent les lèvres plus que leurs jambes
T’en as qui rêvent, d’autres qui tremblent
Comme les fans de la première heure
Qui connaissent les chansons par cœur
Ou seulement les fins de phrases
Ils sont sympas derrière mon dos
Mais qu’ils l’écrasent

Dans le noir ils jouent aux grands fiers
Mais faut les voir dans la lumière
Ils passent d’un état de démence
A un état de conifère
Et le grand debout là devant toi
Qui t’empêche de voir ton idole
Tu penches à gauche, tu tentes à droite
Mais derrière c’est une petite fille…
Que tu rends folle

Et puis y’a tous ces amoureux
Mielleux, qui se tiennent dans les bras
Et savourent sûrement mieux à deux
Quand d’autres s’ennuient de n’être qu’à soi
Ils respirent tellement le printemps
Qu’ils me font oublier ceux qui
M’aspirent à détester les gens
Ils sont ce que mes yeux admirent

Ceux qui sous l’emprise d’une plante bizarre
Oublient qu’ils sont seuls au milieu
D’un concert de deux mille vieillards
Qui ne bougent même plus leurs yeux
Ceux qui ne comprennent rien à l’anglais
Et qui pour pas avoir l’air cons
Esquissent un beau sourire parfait
Même quand l’artiste parle déception

Puis t’as le mec pas original
Qui pour fuir l’oppression commune
S’improvise son espace vital
A distance égale de la Lune
Ceux qui dès le silence tombé
Regardent encore vers les étoiles
Ou quittent la salle sans trop se presser
Rejoindre lentement l’être aimé
Qui ne les attend pas

Et puis y’a tous ces amoureux
Mielleux, qui se tiennent dans les bras
Et savourent sûrement mieux à deux
Quand d’autres s’ennuient de n’être qu’à soi
Ils respirent tellement le printemps
Qu’ils me font oublier ceux qui
M’aspirent à détester les gens
Ils sont ce que mes yeux admirent

 

Les dimanches

J’ai gardé cette photo sur laquelle tu m’embrasses
J’ai pensé à Doisneau et à des choses plus dégueulasses
J’ai gardé tous tes mots et ton rouge à lèvres sur la glace

J’ai gravé tes refrains dans le creux de mon oreille
Je les joue chaque matin quand je ne suis pas avec elle
Elle n’apprécierait pas entendre le chant d’une hirondelle

J’ai gardé tes cadeaux dont la plupart m’ont fait chialer
Tes dessins sur ma peau et ton bel arbre défeuillé
J’ai même encore l’écho de ta douce voix parfumée

Mais toi je peux t’oublier
Parce que les dimanches ne me font plus peur
Si le monde les passe à se reposer
Chez moi ils fanent mes fleurs
Je me suis vidé à t’écrire
Mille et un bouquets de chansons
Aujourd’hui il me faut les offrir
A bien d’autres prénoms

Toi je peux t’oublier
Parce que j’ai assez parlé de toi
Dans les motels du monde entier
Devant l’inconnu sur sa croix
Mes bouteilles sont toutes bues
Et je n’ai plus aucune raison
De finir noyé et vaincu
Comme mes plus anciennes illusions

J’ai gardé tes reproches, ils dégoulinent sur ma figure
De ma bouche ils se rapprochent comme pour baiser une rature
Mais au fond de mes poches, il reste un peu de ta verdure

Je garde bien scellée notre folle envie de marmots
Je les entends même se chamailler à travers le rideau
Je ne suis pas devenu taré, non juste à fleur de mots

J’ai même conservé tes larmes pour espérer les faire sécher
Mettre un terme à ce drame de t’avoir tant fait pleurer
J’ai gardé cette flamme si joliment allumée

Mais toi je peux t’oublier
Parce que les dimanches ne me font plus peur
Si le monde les passe à se reposer
Chez moi ils fanent mes fleurs
Je me suis vidé à t’écrire
Mille et un bouquets de chansons
Aujourd’hui il me faut les offrir
A bien d’autres prénoms

Toi je peux t’oublier
Parce que j’ai assez parlé de toi
Dans les motels du monde entier
Devant l’inconnu sur sa croix
Mes bouteilles sont toutes bues
Et je n’ai plus aucune raison
De finir noyé et vaincu
Comme mes plus anciennes illusions

Toi je peux t’oublier
Parce que les dimanches ne me font plus peur
Si le monde les passe à se reposer
Chez moi ils fanent mes fleurs
Je me suis vidé à t’écrire
Mille et un bouquets de chansons
Aujourd’hui il me faut les offrir
A bien d’autres prénoms

Toi je peux t’oublier
Parce que tu as refait ton chemin
Tu n’as même pas eu à chercher
Il était juste là sous tes mains
Pour moi ce fût plus dur
Si j’en ai croisé des conquêtes
Aucune je te l’assure
Ne t’a fait sortir de ma tête

 

le givre

Les cendres de ma plume s’effritent avec le temps
Dans sa fraîcheur posthume, balayée par le vent
Elle n’attend qu’une histoire pour accoucher de mots
Plus l’aube se fait tard, moins l’encre se fait tôt

Une phrase ponctuée après quelques nuits blanches
Aussitôt raturée lorsqu’un soir je m’épanche
Auprès d’une nouvelle qui passait près de moi
Elle s’appelle éphémère mais j’écris de ses doigts

Hallelujah

Sur ma page blanchie par ce trop long silence
Le givre y a fait son nid en niant l’évidence
Mais lorsqu’une goutte tombe
C’est une phrase qui prend vie
Mes doutes chassent leurs ombres
Et je la vois qui grandit

Hallelujah

Au passage d’une bouche le désert se replie
De ses mains elle repousse mes idées évanouies
Rendez-moi cette plume que j’avais déposée
Si la pointe se consume, elle n’a pas trépassé

La neige ne dure jamais, elle fond quand vient l’été
Mon été c’est l’amour mais lui aussi s’est barré
C’est après lui que je courre pour le mettre sur papier
Il ne sort jamais le jour, je n’ai plus qu’à veiller

Oubliées les syntaxes, oubliés les tourments
Ma mine elle, reste intacte au contact du néant
Mais vers quel horizon ont bien pu s’envoler
Les rimes de leur prénom, y’en a-t-il un pour m’aider ?

Mais je sens que ça revient, ça monte et puis ça court
Et ce n’est pas un chagrin qui inspire cet instant court
Il s’en ira trop loin mais au moins j’aurai pu
Mettre un terme à ce rien avant qu’il ne soit plus.

Hallelujah

 

ROI

Il s’émeut à chaque dame
Que viennent croiser ses deux ronds bleus
Il se pleut de quelques larmes
Lorsque s’éveillent les jours heureux
Mais il ne demande que ça
Fragile, entièrement fait de soie
Il s’épuise de celle qu’il ne veut pas
Et qui pourtant ne rêve que de ses pas
Et qui pourtant se crève à le faire roi

On lui a dit d’être un peu seul
De prendre le temps pour renaître
Mais il n’en fait toujours qu’à sa gueule
Contre le temps il aime promettre
Et aussitôt qu’il n’est plus qu’un
Il redevient ce silencieux
Alors il se bat comme un chien
Pour de nouveau compter pour deux

Et lorsqu’arrive un nouveau cœur
Alors peut commencer le drame
De sa vie, celui d’avoir peur
De se livrer corps et larmes
Pour ne pas chuter de trop haut
Ou finir noyé dans l’écume
Rien que lui chuchoter des mots
Devient aussi lourd qu’une plume

Il s’ennuie de celle qu’il n’aime pas
Et qui pourtant ne rêve que du même toit
Et qui pourtant se crève à le faire roi

Il aime à se faire croire que la solitude le fait vivre
Mais qu’en est-il lorsque le soir
De tous ces souvenirs il s’enivre
Et qui le plonge dans le noir
Un noir dont il ne se sent pas libre
Car la plus belle de ses histoires
Est née dans les bras d’une fille

Une de ces reines de l’insolence
Qui manient si bien la beauté
Une de celles qui font offense
Aux colombes immaculées

Ces tendres muses pour qui chaque homme
Et femme seraient prêts à tuer
Pour qui vos excuses s’endorment
Devant autant d’humanité

Il dérive lorsqu’il le voit
L’amour de celle qui le voudrait à son doigt
L’amour de celle qui près de lui meurt de froid
L’amour de celle qui rêve de le faire roi.

 

Les Couloirs de ton Corps

Dans le creux de ta mine d’or se trouve
Mon Dieu qu’il est beau ce trésor du Louvre
Comme un feu de paille qui explose sous ma flamme

Au sommet de ces montagnes pointent
L’infini qui à mes lèvres s’esquinte
Ils suintent sous le doigté du pianiste qui te rend triste

Dans le pli de tes pulpeuses arrogantes
J’y vois le plaisir que parfois tu me chantes
Je deviens récidiviste et retourne au supplice

Au bout de ces deux chemins sinueux
Se rejoignent enfin ces plaines délicieuses
Chaque fois je m’y perds, j’y aperçois la mer

Mais ne le répète jamais
Au labo de ton corps
Je suis et resterai
Le prince que tu implores

A la frontière d’une ville sauvage
J’ai besoin que tu m’escortes
L’humidité s’installe dans ce champ de bataille

Ces dix magnifiques d’une finesse sans pareille
Me forcent à perdre haleine
J’en deviens ton esclave enchaîné à tes fantasmes

Deux jolies plantes en fleurs se présentent à moi
Elles ont la chaleur de ce qui ne s’oublie pas
Et ma bouche en silence vient goûter à la déchéance

Dans ce nouveau royaume où l’inconnu m’appelle
J’y vois de ces merveilles
J’avance dans la pénombre et y creuse ma tombe

Mais ne le répète jamais
Au labo de ton corps
Je suis et resterai
Le prince que tu implores

Mais ne le répète à personne
Dans les couloirs de ton corps
Tes cris d’ivresse résonnent
Même quand tu dors.

le cri du silence

2016

 

Quand je danse avec toi

 

Un regard posé sur moi
C’en est mille autres qui me jugent
Mais qui voient ce que je ne suis pas
Leurrés par ce déluge qui me suit pas à pas

Au centre de l’attention
Je m’imagine ne plus être quelqu’un
Je me souviens de ce garçon que j’étais
Que je redeviens au matin

Mais quand je danse avec toi je ne vois rien d’autre
Que du bleu autour de moi et ce ciel qui devient nôtre
Tous ces yeux qui nous frôlent ne peuvent rien
Contre les tiens faits de ces choses
Qui n’existent que dans tes reins
Allez tourne dans mes bras pour que j’oublie ce monde
Avec tes mains au bout de moi
Et laisse-moi revivre au moins quelques secondes
Que je m’enivre de tes effluves fécondes
Dans une romantique ronde

J’aimerais parfois m’envoler
Sentir le vent dans mes plumes
Et commencer à m’embraser
Tant pis si ma vie se consume
Elle est déjà bien entamée

Au centre de l’attention
Je me dessine esseulé mais content
Face à cet horizon où ne patinent
Que la mélodie du néant et le sourire de mon enfant

Mais quand je danse avec toi je ne vois rien d’autre
Que du bleu autour de moi et ce ciel qui devient nôtre
Tous ces yeux qui nous frôlent ne peuvent rien
Contre les tiens faits de ces choses
Qui n’existent que dans tes reins
Allez tourne dans mes bras pour que j’oublie ce monde
Avec tes mains au bout de moi
Et laisse-moi revivre au moins quelques secondes
Que je m’enivre de tes effluves fécondes
Dans une romantique ronde.

 

Roger

 

Roger c’est le plus beau
Et moi c’est celui que je préfère
Il a toujours les mots qu’il faut
Pour sortir ma tête de sous la Terre

Grégoire aussi je l’aime beaucoup
Quand il me parle de ses conquêtes
À côté de lui je dis rien du tout
Moi ça se résume à deux trois miettes

Y’a Clément et ses longs débats
Auxquels je ne comprends jamais rien
Je ne capte même pas un mot sur trois
Je l’imagine au quotidien

Y’a Mathieu le grand costaud
Avec ses muscles bien dessinés
Pas comme les miens, c’est pas nouveau
Mais y’a vraiment pas de quoi comparer

Mes amis ce sont les miens
Alors pas touche, je vous préviens
Je me suis fait chier à les trouver
Allez vous chercher d’autres copains
Mais pas les miens

Marlène c’est la plus jolie
Celle qu’on est fier de côtoyer
Mais on ne va pas vraiment se mentir
On a tous rêvé de l’embrasser

Et on a tous goûté au vent
Qui vous caresse le visage
C’était peut être pas le bon moment
Autant se donner un peu de courage

Et y’a Olga, c’est la moins jolie
Mais elle est si belle à l’intérieur
Celui qui l’aura dans sa vie
Aura son pass vers le bonheur

Y’a Marie et son air heureux
Qui nous parle tout le temps de son chat
Il est mignon, il est précieux
En attendant il pisse sur moi

Mes amis ce sont les miens
Alors pas touche, je vous préviens
Je me suis fait chier à les trouver
Allez vous chercher d’autres copains
Mais pas les miens
Y’a Lucas le petit oiseau
Qui a dit adieu à sa mère
À nous de le sortir du berceau
Avant qu’il aille se foutre en l’air
Et y’a Sandra la dépressive
Qui pleure trente six fois par soirée
Il lui reste quelques jours à vivre
Depuis maintenant bien des années
Et y’a Théo, c’est le plus sensible
Lui tombe amoureux comme il pleure
Dès qu’une belle femme le prend pour cible
Il est prêt à tout pour son cœur
Et Mélanie et son homme
Lui ça fait longtemps qu’on ne l’a pas vu
Il vit depuis six mois à Rome
On la soupçonne d’être cocue
Et y’a Daniel le musicien
Lui ne peut pas venir sans sa guitare
Si par bonheur il vient sans rien
Il trouve une casserole dans le placard
Et puis y’a Bob le petit marrant
Qui raconte une blague par seconde
On ne les comprend jamais vraiment
À part ses classiques sur les blondes
J’ai oublié ce bon Bruno
Qui n’a qu’un seul nom sur les lèvres
Celui de sa copine Véro
Il en est ridicule et mièvre
En plus elle le prend pour un con
Enfin ça c’est ce que tout le monde dit
Jaloux ? Moi ? Bien sûr que non
Mais je vois qu’elle m’éloigne de lui

Mes amis ce sont les miens
Alors pas touche, je vous préviens
Je me suis fait chier à les trouver
Allez vous chercher d’autres copains
Mais pas les miens

 

l’imbécile heureux

 

Je t’ai dit que ce n’était pas de ma faute
Si je n’étais pas rentré cette nuit
Que si je sens l’alcool et pas la flotte
C’est que dehors il pleut du whisky

Tu m’as dit que ce n’était pas de ma faute
Si mes clés étaient foutues
Que je pouvais les essayer chez une autre
Tant que je me portais disparu

Je t’ai dit que je n’y étais pour rien
Si tu respires à mon retour
Un parfum qui n’est pas le tien
Sur mon corps et tout autour

Tu m’as dit que tu n’y étais pour rien
Que tu voulais me faire voyager
Que mon départ était prévu pour demain
Mais je n’ai que le billet aller

Allez chérie ne fais pas l’imbécile
Heureux que je ne suis plus
Lorsqu’à ma peau tu te défiles
Laissant une marque qui ne part plus
Comme la vision indélébile
De ton si joli petit cul

Allez chérie sourie moi encore
Comme tu le faisais autrefois
Même si tu te forces à la mort
Au moins je mourrai avec toi

Je t’ai dit que j’étais innocent
Pour le rouge à lèvres sur ma joue
Bien sûr tu affirmes que je mens
Peut être me croiras-tu un jour

Je n’insiste pas à t’expliquer
Que c’étaient les lèvres d’une inconnue
A qui je n’avais jamais rien demandé
Elle a insisté et j’avais bu

Allez chérie ne fais pas l’imbécile
Heureux que je ne suis plus
Lorsqu’à ma peau tu te défiles
Laissant une marque qui ne part plus
Comme la vision indélébile
De ton si joli petit cul

Allez chérie sourie moi encore
Comme tu le faisais autrefois
Même si tu te forces à la mort
Au moins je mourrai avec toi

 

Le Cri Du silence

 

Dans une semaine mes petits enfants
Viendront me rendre une visite
Et mon Marcel qu’est-ce qu’il attend
J’aimerais tellement qu’il m’invite
Il attend peut-être que je prenne les devants
Ou qu’on devienne encore plus vieux
Mais moi je n’ai plus beaucoup de temps
Alors laisse m’en encore un peu

La commissure de tes lèvres
Chaque fois que tu me vois
N’indique plus le chemin du ciel
Elle s’effondre juste un peu plus bas
Je sais que ça pourrait être pire
Oui tu pourrais me dire adieu
Mais il me manque ton sourire
Redonne m’en juste un ou deux

Perché sur ces hautes montagnes
J’aperçois mon reflet dans l’eau
Et j’entends le bruit qui s’éloigne
Dans le vacarme de ses mots
C’est sans musique que je danse
Il en faut peu pour être heureux
Comme vivre sous les cris du silence
Allez laisse m’en encore un peu

C’est dans la pénombre que j’écris
Mes plus beaux textes inachevés
Je n’ai que faire du soleil qui
M’éblouit sans même m’inspirer
La lune a bien plus à m’offrir
Elle n’a que du vrai dans les yeux
Mais je sens la nuit s’endormir
Allez laisse m’en encore un peu

On rêve tous d’arrêter le temps
De vivre dans un sourire
Au moins pour un instant
On rêve tous du silence
Dont se nourrit la nuit
Mais le message n’arrive pas jusqu’à lui

Et comme le temps m’est compté
Pour la reconquérir
Je ne veux pas le supplier
Passer ma vie à l’attendrir
Ni même me plier à genoux
Pour voir mon bonheur se courber
Non je n’implorerai rien du tout
J’ai d’autres moyens pour espérer
L’entendre à nouveau me dire
Qu’elle n’a jamais cessé de regretter
J’ai des chansons à écrire

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